- EAN13
- 9782081334489
- Éditeur
- Flammarion
- Date de publication
- 19/02/2014
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Contrairement à sa légende, Gustave Courbet ne fut ni un peintre réaliste ni
un peintre politique, encore moins un peintre provincial. Il fut
révolutionnaire, bien sûr, mais en pratiquant, comme les plus grands, la
peinture à l’oeil. Expression à entendre au double sens d’une peinture
gratuite (ne dépendant ni des commandes de l’État ni des prix du Salon), et
surtout d’une peinture qui ne fait pas « à l’idée » ce qu’elle aurait déjà
prévu – mais qui voit dans l’acte même de peindre. D’où une rupture avec le
primat du dessin (Ingres), avec l’exotisme (Delacroix), le spectaculaire
(Géricault), avec la maîtrise du regard du peintre, cela pour libérer la peine
des hommes et l’élégance des choses. Courbet inaugure ainsi la vraie peinture
de marines ; de nus érotiquement neutres ; de natures mortes, ou plutôt
natures vives, rochers, feuilles et rivières aussi présents que des visages
d’hommes. Comme Cézanne, qui se revendiquait de lui, Courbet élève les choses
à leur dignité dernière : non des objets construits et produits, mais des
phénomènes surgissant et se donnant d’eux-mêmes à voir. Le tableau ne
représente rien, il présente pour la première fois le visible en sa gloire.
un peintre politique, encore moins un peintre provincial. Il fut
révolutionnaire, bien sûr, mais en pratiquant, comme les plus grands, la
peinture à l’oeil. Expression à entendre au double sens d’une peinture
gratuite (ne dépendant ni des commandes de l’État ni des prix du Salon), et
surtout d’une peinture qui ne fait pas « à l’idée » ce qu’elle aurait déjà
prévu – mais qui voit dans l’acte même de peindre. D’où une rupture avec le
primat du dessin (Ingres), avec l’exotisme (Delacroix), le spectaculaire
(Géricault), avec la maîtrise du regard du peintre, cela pour libérer la peine
des hommes et l’élégance des choses. Courbet inaugure ainsi la vraie peinture
de marines ; de nus érotiquement neutres ; de natures mortes, ou plutôt
natures vives, rochers, feuilles et rivières aussi présents que des visages
d’hommes. Comme Cézanne, qui se revendiquait de lui, Courbet élève les choses
à leur dignité dernière : non des objets construits et produits, mais des
phénomènes surgissant et se donnant d’eux-mêmes à voir. Le tableau ne
représente rien, il présente pour la première fois le visible en sa gloire.
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