Parler le corps : réinvestir l’amour
EAN13
9782848678894
Éditeur
Presses universitaires de Franche-Comté
Date de publication
Collection
Annales littéraires
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Parler le corps : réinvestir l’amour

Presses universitaires de Franche-Comté

Annales littéraires

Indisponible
Que l‘amour se soit transformé après que la sexualité s‘est dégagée des
exigences de la reproduction, mérite d‘être nuancé à l‘aune d‘une analyse des
représentations contemporaines des corps mis « sous tension » amoureuse. Les
transformations transgenres laissent certes entrevoir d’autres possibles de
l’amour, mais force est de constater une oscillation entre deux extrêmes :
l‘exhibition des corps sur la place publique ou leur disparition derrière les
écrans. N‘être qu‘un corps ou ne pas en avoir : l‘alternative à laquelle le
sentiment amoureux se confronte aujourd‘hui reconduit des dichotomies
anciennes entre la chair et l‘esprit, mais selon des modalités marquées par le
rapport entre virtualité et réalité, interrogeant autant la dématérialisation
des relations affectives que la survalorisation de la sexualité, la
rationalisation des échanges que leur satisfaction consumériste. Cette dualité
psyché-soma qui à travers le patriarcat perdure jusqu‘à présent, se rapporte à
l’inhibition d‘un schéma incorporé de l‘amour au sein du cadre familial et
domestique. De la naturalisation de l‘inceste ou de l‘hétéronormativité
témoignent les littératures irakienne, française et porto-ricaine, qui en
accusent la persistance d‘une manière transculturelle, et même en donnent une
traduction queer. Simultanément, les corps se lâchent jusqu‘à l‘obscène pour
mettre en scène à la fois le vide qui les habite et leurs sécrétions les plus
intimes. Le corps spectacle hante aussi bien la littérature allemande, que les
séries américaines ou le théâtre européen in-yer-face, en quête d‘une altérité
manquante qui puisse le faire sortir d‘un solipsisme mortifère. Muré dans le
silence, l‘amour ne saurait exister, ni au regard des traditions marocaines
qui continuent de réduire les femmes à des corps sans paroles, ni dans la
production visuelle états-unienne où les corps ne parlent que de pornographie.
Aussi, pour que corps et âmes soient amenés à se rencontrer envers et contre
leur dissociation avérée, il semble nécessaire de chercher une interface
incarnée de l‘amour qui remette les peaux en contact, sensible jusque sur le
plan éthique d‘un entre-deux irréductible.
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